Panel : Les relations interarabes à l’épreuve des crises et conflits de 1958 à nos jours
Colloque du GIS- Moyen-Orient et Mondes musulmans- 4-5-6 Juillet 2017
INALCO-Paris
Anne-Claire BONNEVILLE (MCF, INALCO-Paris) et Samia EL MECHAT (PU-Université de Nice Sophia ) proposent un panel sur : Les relations interarabes à l’épreuve des crises et conflits de 1958 à nos jours
La construction de l’Etat national et la transformation des équilibres politiques, économiques et sociaux au lendemain des indépendances trouvent leur traduction la plus visible dans la montée des tensions, des crises et des conflits dans les relations interarabes, tant au Maghreb qu’au Machrek ou entre les deux régions. La « guerre froide arabe [1]», les crises et les conflits, nombreux, ont évidemment des impacts directs d’une part, sur le projet de « Nation arabe » toujours improbable, et d’autre part, sur l’évolution des relations entre les pays arabes, où se sont installés des régimes autoritaires et dictatoriaux. La stabilité intérieure apparaissant comme une priorité constante des régimes arabes, le discours nationaliste arabe, les velléités unionistes et dominatrices ont naturellement provoqué des crispations et des ruptures au cœur de ces espaces déjà sous tensions.
C’est dans un climat de doute et d’incertitude que l’influence montante de Nasser a fait de l’Egypte la championne du nationalisme arabe, mais d’autres « leaders » comme Bourguiba et d’autres pays comme l’Arabie Saoudite ambitionnent également de faire entendre leur voix sur la scène régionale, voire internationale et tentent de s’imposer comme de véritables puissances régionales. De nouvelles oppositions géopolitiques se dessinent alors, l’Egypte devenant par exemple la rivale géopolitique et idéologique de la Tunisie ou de l’Arabie Saoudite. Ces ambitions contradictoires et ces querelles de leadership, nourrissant les rivalités politiques et idéologiques, ont empêché la production d’une politique commune face aux enjeux et défis contemporains. L’absence d’une vision partagée du rôle et de la place des pays arabes dans le monde accentue les clivages. De même, les luttes d’influence et les enjeux de puissance ont constitué un défi qui, tout au long du XX siècle et encore aujourd’hui, a structuré les relations interarabes et le fonctionnement des institutions (Ligue arabe, UMA…).
Crises tuniso-égyptiennes, intervention de Nasser au Yémen dans les années 1960, rupture de la République Arabe Unie, luttes d’influence sur fond de tensions idéologiques et religieuses, crises entre l’Algérie et le Maroc, projets de fusion avortés, contentieux ou conflits territoriaux et frontaliers au Maghreb et dans le Golfe arabo-persique… Cette énumération le montre, la « guerre froide arabe », les crises et les conflits armés ont rythmé au fil des années l’histoire des relations interarabes. Confrontés à des contextes régionaux bouleversés d’abord par la création de l’Etat d’Israël, ensuite par les indépendances et l’émergence de pouvoirs nationaux, enfin par la fin de la guerre froide, les dirigeants arabes peinent à mettre fin aux désaccords et à relever les multiples défis. Pourtant, les études et les tentatives pour comprendre les évolutions des relations interarabes, leur détérioration, leurs enjeux et leurs conséquences, notamment sur les sociétés et opinions arabes, dans toute leur complexité, sont rares.
C’est donc à une réflexion d’ensemble sur ces tensions interarabes que nous souhaitons vous inviter. L’objectif principal est de mettre en évidence et d’analyser les enjeux et les effets de la conflictualité au sein du monde arabe des indépendances à aujourd’hui.
Dans cette perspective trois axes de réflexion seront privilégiés, abordant à la fois les relations intermaghrébines et interarabes :
- Les hommes. Luttes d’influence et enjeux de puissance
- Les contentieux et les conflits (territoires, frontières, économie, idéologie, religion…)
- Les relations interarabes et les sociétés arabes
Si le thème vous intéresse, prière de nous adresser avant le 10 mai 2016 un titre et un bref résumé d’une proposition de communication aux adresses mail suivantes :
[1] L’expression « guerre froide arabe » est de Malcom H. Kerr, auteur de l’ouvrage The Arab cold war : Gamal Abd al-Nasir and his rivals 1958-1970, 3rd ed., London, Oxford University Press, 1971